Il y a des objets, à première vue anodins
qui racontent une histoire bien plus riche qu’on ne l’imagine. C’est le cas du patch – ou écusson – ce petit morceau de tissu brodé ou imprimé que l’on fixe sur les vêtements. Que vous en ayez un collé sur un vieux sac à dos, cousu sur une veste en jean ou que vous en ayez collectionné dans votre enfance, il est probable que ce petit carré ait, d’une manière ou d’une autre, croisé votre vie.
Longtemps vu comme un simple accessoire décoratif ou un marqueur identitaire, le patch connaît aujourd’hui une renaissance dans le monde de la mode et de la réparation textile. À la fois objet de revendication, solution écologique et expression de créativité, il traverse les époques en s’adaptant sans jamais perdre son âme. À l’occasion des journées de la réparation, plongeons dans la fabuleuse histoire du patch, ce héros méconnu du quotidien.
Un héritage royal et militaire
L’histoire du patch débute bien loin des sacs de collégiens et des blousons punk. Son origine remonte à l’époque médiévale, où l’écusson – dans sa forme héraldique – servait à distinguer les familles nobles et les lignées de chevaliers. Ces symboles brodés sur les armures, les étendards ou les manteaux de guerre étaient porteurs d’une identité, d’un statut, et parfois d’un destin.
Avec le temps, cette tradition a été récupérée par les armées modernes, où les écussons deviennent des marqueurs officiels d’appartenance à une unité, un grade, une mission ou une campagne militaire. Brodés avec minutie, ils incarnent l’honneur, la discipline et la fraternité. C’est de cette matrice rigide et codifiée qu’est né le patch moderne, prêt à se libérer… et à se réinventer.
Les années de rébellion : un langage visuel contestataire
C’est dans les années 1960 et 1970 que le patch change de camp, quittant les rangs de l’institution pour rejoindre ceux des marginaux. Les mouvements sociaux, les cultures alternatives et les révolutions esthétiques s’en emparent pour en faire un outil d’expression. Les hippies brodent des fleurs et des symboles de paix, les punks affichent des slogans acérés, les bikers exposent fièrement les insignes de leurs clubs.
Le patch devient un porte-voix visuel, un espace de liberté dans un monde de conventions. Il ne s’agit plus seulement d’orner un vêtement, mais de lui insuffler un message, un esprit, une cause. On recouvre des vestes usées, des sacs de toile et des chemises sans prétention de dizaines de patchs revendicatifs. C’est une manière de faire du neuf avec du vieux, de donner une seconde vie aux objets du quotidien – bien avant que le terme d’« upcycling » n’entre dans le dictionnaire de la mode.
Des scouts aux sacs de collège : une mémoire collective cousue main
Pendant que les grandes révolutions idéologiques s’expriment sur les perfectos et les blousons de cuir, une autre tradition du patch se construit en silence, dans les colonies de vacances et les sorties de groupes : celle des scouts. Chaque activité, chaque mission accomplie, chaque camp d’été donne lieu à un badge, un petit écusson que l’on coud fièrement sur sa chemise ou sa besace. Là encore, le patch est un récit – un souvenir tangible, un rite de passage.
On le retrouve aussi sur les sacs à dos des collégiens, épinglé entre deux dessins au Tipp-Ex ou coincé sous une broche Hello Kitty. Tantôt kitsch, tantôt cool, l’écusson devient au fil du temps un témoin silencieux de nos années formatrices.
L’ère de la réparation : un retour aux sources écoresponsable
Aujourd’hui, face à l’urgence climatique et à la nécessité de repenser notre consommation, le patch revient sur le devant de la scène avec une mission renouvelée. Plus qu’un objet décoratif ou revendicatif, il devient un outil de durabilité. Fini les vêtements jetés à la moindre usure : un patch bien choisi peut couvrir un trou, camoufler une tache ou tout simplement rehausser une pièce un peu fade.
C’est le grand retour du patch dans le monde de la mode, porté par l’essor de la couture maison, du DIY (Do It Yourself) et des mouvements anti-fast fashion. En réparant plutôt qu’en remplaçant, en personnalisant plutôt qu’en standardisant, on affirme un choix de vie. Poser un patch devient un geste engagé, une manière créative et joyeuse de prolonger l’existence de nos vêtements.
Les tendances actuelles : du podium à la poche arrière
Impossible aujourd’hui de parler mode sans évoquer l’influence des patchs sur les collections contemporaines. Les grandes marques de luxe comme les petits créateurs les intègrent dans leurs défilés, avec un enthousiasme qui ne faiblit pas. On les retrouve sur des vestes, des jeans, des sacs à main et même des chaussures. Par leur simple présence, ils transforment un basique en pièce unique.
Motifs abstraits, dessins humoristiques, messages engagés ou clins d’œil nostalgiques : il y a un patch pour chaque personnalité. Que l’on aime l’esthétique vintage, les références pop ou les symboles ésotériques, chacun peut trouver dans cette petite pièce textile un moyen d’expression.
Bien choisir, bien placer, bien fixer
Poser un patch, c’est un art en soi. L’emplacement change tout : un petit écusson discret sur la poche d’une chemise peut suffire à sublimer une silhouette, tandis qu’une pluie de patchs sur le dos d’un blouson crée une pièce forte, presque iconique. Il faut aussi choisir la méthode de fixation : la couture garantit solidité et longévité, mais demande de la patience. Le collage, surtout avec les modèles thermocollants, offre une solution rapide – bien que parfois moins durable.
Entretien et transmission : une mode qui dure
Les vêtements customisés, comme tout vêtement précieux, nécessitent un entretien spécifique. Privilégiez les lavages doux, à la main ou à basse température, évitez le sèche-linge, et inspectez régulièrement les coutures. En prenant soin de vos patchs, vous prolongez leur éclat… et l’histoire qu’ils racontent.
Car c’est aussi cela, la magie du patch : au fil des années, il devient un marqueur personnel, un souvenir palpable. On se souvient du patch qu’on avait enfant, de celui offert par un ami, ou de celui cousu un soir d’été sur une vieille veste. C’est un geste simple, presque anodin, mais qui laisse une empreinte durable.
Un petit morceau de tissu… et une grande idée
Le patch n’est pas juste un accessoire. C’est une tradition, une déclaration, une réparation, une création. Il est tour à tour royal, rebelle, sentimental et écologique. Il nous invite à ralentir, à prendre soin, à exprimer notre personnalité et à faire durer ce qui nous habille.
Alors, la prochaine fois que vous verrez un vêtement abîmé ou que vous chercherez à le personnaliser, pensez au patch. Il pourrait bien vous raconter – et prolonger – une fabuleuse histoire.
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La Barbuda : la créatrice espagnole qui célèbre la culture pop et la différence
C’est en 2015 que l’artiste espagnole derrière La Barbuda décide de transformer sa passion pour les comics, les jeux vidéo et le cinéma en une véritable marque dédiée aux amoureux de la pop culture. Depuis, La Barbuda est devenue une référence pour les fans de rétro gaming tatoués, les cinéphiles invétérés et toutes celles et ceux qui cultivent leur différence avec style.
La Barbuda, c’est elle. Une artiste indépendante, originaire de Galice, aujourd’hui connue à l’international grâce à son univers coloré, insolent et totalement assumé. Entourée de son chat, de son chien et de son atelier-boutique ouvert en 2020, elle accueille ses visiteurs à Hula, son espace créatif situé à Perillo, un petit village côtier de Galice (Espagne). Là-bas, on peut découvrir tous ses produits en personne, et peut-être croiser les trois membres de l’équipe !
Une marque à son image : libre, cool et décalée
Chaque produit estampillé La Barbuda est imaginé et réalisé par l’artiste elle-même. Du design à la vente, en passant par la gestion quotidienne des réseaux sociaux, elle orchestre tout avec passion. Son catalogue ne cesse de s’agrandir : créations personnalisées, motifs textiles, illustrations originales, peintures sur commande, logos… Les possibilités sont nombreuses, et les collaborations toujours ouvertes (écrivez-lui à labarbuda@labarbudashop.com pour en discuter !).
Ses créations sont disponibles sur notre site internet, dans près de 100 boutiques à travers le monde, et bien sûr à l’atelier Hula, pour les chanceux de passage en Galice.
Une philosophie bien ancrée : être différent, c’est être cool
Le nom de la marque fait écho à une figure emblématique des freak shows du XVIIe siècle : la femme à barbe. À une époque où ces spectacles ambulants mettaient en avant les « anormalités humaines », la femme barbue choisissait de faire de sa particularité une force.
Aujourd’hui, le mot « freak » désigne souvent quelqu’un dont les passions sortent de l’ordinaire. Pour La Barbuda, ce terme est un étendard. Sa marque s’adresse à toutes celles et ceux qui ne rentrent pas dans les cases et qui en sont fiers.
“Si tu es né·e avec une barbe, ne la rase pas ! Différent, c’est cool. Stay freak!”

Crédit photo LA BARBUDA